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Famille Peschier
Histoire
Testament olographe de Ch. G. Peschier
décédé à Genève le 29 mai 1859
et homologué par M. le juge Decrey le 25 dit
Mes dernières dispositions.
Me sentant pressé par l'aiguillon de la mort, mais jouissant
encore de toutes mes facultés intellectuelles, je dépose
ici
non pas mes dernières volontés, je n'ai pas le droit d'en
avoir, mais mes derniers désirs et ce dans le seul but
d'épargner à mes héritiers naturels les ennuis
résultant d'un
décès cela intestat.
Je déclare devant Dieu que je meure en vrai chrétien,
n'ayant
jamais hésité dans ma foi en Christ Dieu Sauveur que
j'implore
et dont les mérites seules pourront me faire échapper
à tout
ou partie des châtiments qui attendent les pêcheurs au
sortir
de leur corps mortel.
Si aucune incrédulité n'est jamais entrée dans mon
âme,
d'autre part, je n'ai jamais été animé d'aucun
esprit de secte
religieuse.
Je me suis efforcé pendant toute ma vie d'être juste,
vrai, bon
et généreux, je ne m'en fais aucune gloire et ne
désire à ce
sujet aucune louange, j'ai cru ne m'acquitter que de mon devoir
de chrétien. Dieu n'a pas permis que l'acquis de ces devoirs
soit profitable pour moi; que son saint nous soit loué, je ne me
plains pas, mais je plains ceux de mes parents, qui , à cause de
cela, éprouveront quelque embarras après ma mort.
Quelques
personnes ont eu à mon égard de mauvais
procédés, je les
leurs pardonne, il en est d'ailleurs qui ont été
sévèrement
punies par Dieu lui-même.
Je ne possède pécuniairement rien, cela seulement rien
qu'une
misérable petite somme à la Caisse d'Epargne à
peine
suffisante pour couvrir à ce moment mes dettes criardes, que
j'espère pourtant éteindre par des rentrées
attendues, si Dieu
m'accorde encore quelques jours de vie.
Je suis débiteur à mon neveu Jean Louis, un aire des
Eaux-Vives, d'une somme assez forte pour qu'il doive d'abord se
regarder comme propriétaire de tout ce que je détaillerai
de
matériel à mon dernier moment. Ce ne sera donc
qu'après
s'être intégralement couvert par une vente faite comme il
l'entendra, qu'il pourra faire une réparation entre les miens du
minimum restant. Comme mon dit neveu est dans une telle position
de fortune que tout ou partie de mon héritage ne saurait
l'enrichir, je le prie de convier ma filleule Caroline Veillard,
mon filleul Charles Denis, fils de la teinturière, mes bonnes et
anciennes amies Bérard, afin que parmi mes tristes et
misérables restes chacun choisisse un objet qui puisse lui
être
agréable en maintenant mon souvenir dans leur mémoire; il
est
probable que des vêtements et chaussures seront surtout utiles
à mon susdit filleul, Charles Denis.
Je désire enfin que ma jeune cousine (dite nièce), Louise
Peschier, femme Probst, à Lyon, soit consultée pour
recevoir
quelque objet qui lui plaise.
Il en sera de même pour Madame Benacci sa mère, qui m'a
manifesté plus d'amitié qu'aucun autre de mes parents,
surtout
ceux du sexe féminin.
Je désirerai faire et laisser quelque chose comme souvenir, qui
plaise à ma petite nièce Sophie de Turbingue, je mourrai
avec
le regret que son père n'ait pas consenti à la laisser me
faire
société, sur mes vieux jours, à son départ
de Lausanne, sa
présence chez moi aurait épargné à son
père et à elle-même
bien des ennuis, d'un autre côté elle m'aurait
évité bien des
peines et des pertes. Je prie donc qu'elle soit consultée
à
l'offre de savoir ce qu'elle désire qu'on lui conserve.
Mon neveu Adolphe aurait peut être trouvé dans ma
bibliothèque
quelque ouvrage à son goût ou à sa convenance,
à la distance
à laquelle il est de Genève, il me semble difficile de
songer
à lui en faire part, l'envoi seul des catalogues serait trop
coûteux.
Dans l'improbabilité où je suis de faire la moindre
largesse à
la loge maçonnique que j'ai présidée durant tant
d'années, on
se contentera de mettre ceux de mes livres qui sont adhérents
à
la maçonnerie, sous les yeux de M. Olubaud et des autres
frères
qu'il jugera convenable d'amener afin qu'ils y choisissent ce qui
pourra leur être agréable soit pour eux-mêmes soit
pour la
bibliothèque de la loge, cela se réduira à bien
peu de choses.
Quant à mes manuscrits maçonniques, ils seront tous, sans
exceptions, livrés à M. Olubaud qui en disposera comme il
en
jugera convenable.
Je conseille à mon neveu de ne point vendre à vil prix le
grand
ouvrage d'anatomie; il vaut fr. 1500.- non compris la reliure il
lui conviendra donc de le garder jusqu'à qu'il trouve l'occasion
de le bien placer il devra même en continuer la souscription
jusqu'à la fin prochaine.
Je n'ai garde d'oublier Rose Laforest, cette jeune honnête et
intéressante fille n'a pas cessé depuis un nombre
d'années de
me manifester un très sincère attachement, mon
frère voudra
bien s'entendre avec elle et lui remettra ou fera remettre tout
ce qu'elle pourra désirer m'ayant appartenu comme souvenir.
Mademoiselle Hortance de Bourqueau a cru que la solitude était
pour moi pénible et ennuyeux elle s'est donc
dévouée, depuis
plusieurs années, à me faire société
habituelle dans le but
de me distraire. Pour récompenser ce dévouement qui n'a
pas
reculé devant ce que la vieillesse a de pénible pour ne
pas
dire plus, je désire que mes dettes payées il lui soit
compté
une somme de cinq cent francs net. Ce sera de ma part un bien
petit souvenir.
J'ai fait de nombreuses créances à sa famille qui
était et qui
est encore dans le plus complet dénuement malgré les
efforts
constants de chacun de ses membres présents et absents pour en
sortir. Il résulte de là que ces sommes ne sauraient
maintenant
être exigibles, mais si on en fait mention au père ou
à la
mère ils n'hésiteront pas à s'engager à
faire restitution
pour le cas ou Dieu permettra que leurs affaires deviennent
prospères.
L'examen de mes cartes de comptes prouvera qu'il m'est dû pour
une foule de clients de petites sommes dont le total en forme une
très honnête. La plupart d'entre eux mériteront peu
d'égards
dans les poursuites qu'on jugera à propos de diriger contre eux,
quelques uns le petit nombre , est hors d'état de payer, la
plupart n'y met que de la mauvaise volonté.
Je prie qu'on fasse une large part de mon vin à mon
frère, pour
lui servir de compensation à celui que je ne pourrai plus lui
offrir, par exemple, une pièce de vin de ce vin que je viens de
recevoir, je désire qu'on la sorte entière de ma cave et
la
fasse transporter dans la sienne.
J'ignore si je possède quelque chose qui puisse lui être
agréable, en dehors de la part qui lui sera adhérente au
partage, il voudra bien le faire en maître verbalement, ou en
accédera à son désir.
Si je ne l'ai déjà fait on donnera à Madame de
Bourqueau la
Madonne qui pend à ma chambre à manger. L'ecce homo
d'Annibal
Carrache qui est à la salle est destinée par le donateur
au
Musée Rath.
Les dames Bérard, Métral, Borth et Blanc Valet, Mlle
Borth et
Lion Wolff m'ont fait à diverses reprises, des cadeaux en
porcelaine, terre anglaise, gobelets et tasses, foulards,
mouchoirs de toile, etc, etc ... Toutes ces personnes en tant que
présentes à Genève seront appelées à
venir reprendre ce que
je tenais de leur bien veillante et généreuse
amitié. On
rendra à Mme veuve Darier-Wagnon le bougeoir d'argent qu'elle
m'a donné. On remettra à Mme Olubanel un petit pot
à crème et
une cafetière de même modèle, qui m'ont
été donnés par la
loge de l'union de coeurs avec inscription, et que celle-ci
gardera en souvenir de moi.
Le présent acte détruit et anéanti
nécessairement ceux que
j'avais faits dans des temps plus prospères.
Je maintiens l'article inséré dans celui de 1845 par
lequel
Caroline Veillard ma filleule, recevra six de mes meilleurs
foulards en outre des objets dont elle aurait fait choix. Si dans
mes cartons de gravures il y a quelque chose qui puisse être
utile ou agréable à son père, sourd-muet, il le
prendra et
gardera en gage d'une amitié qui date de plus de 50 ans. Je
confirme aussi ce que je lis dans le même acte de 1845 qu'il
sera donné à mon filleul Charles Denis, en habits, gilets
et
pantalons de quoi faire, si possible trois costumes entiers.
Nécessairement mon neveu Louis sera mon exécuteur
testamentaire
et se fera aider dans cette oeuvre ennuyeuse et fatigante par mon
frère, auquel, selon sa bonté et prudence il remettra
telle
rémunération qui lui paraîtra juste et convenable.
Genève, le 9 mai 1853 (signé) Ch. G. Peschier Dr.
Post scriptum. L'état de [...] absolu où je suis
m'empêche de
laisser quoique ce soit aux établissements charitables,
éducatifs et religieux de ma patrie. Mon honorable neveu fera,
à cet égard, ce qu'il jugera convenable.
Teneur de suscription
L'an mil huit cent cinquante trois et le vingt-trois mai, Nous,
François Burdallet Juge de Paix de l'arrondissement de
Genève,
certifions que lors de l'apposition des scellés au dernier
domicile de M. Charles Gaspard Peschier docteur médecine, Grand
Rue N° 15-16 à Genève, ce à quoi nous avons
procédé ce
jour, nous avons trouvé dans un secrétaire de la chambre
dit
chambre jaune et sur l'indication qui nous a été
donnée par M.
Jean-Louis Marc Peschier, maire des Eaux-Vives:
1. un testament otographe du 27 novembre 1845 suivi d'un codicile
du 15 janvier 1846, le tout écrit sur cinq pages et sur le dos
ces mots: dipsositions cumulées par celles du 10 mai 1853.
2. Un pli cacheté portant comme susciption : "mes
dernières dispositions, 10 mai 1853" signées Ch. G.
Peschier Dr.
Nous avons mis ces deux pièces sous cette enveloppe que nous
avons fermée et scellée de notre sceau, nous
réservant d'en
faire dépôt en les airs de M. le Président du
Tribunal Civil.
Et nous avons dressé le présent procès-verbal que
nous
signerons avec M. Peschier maire des Eaux-Vives et M. Binet fils
notaire après lecture faite.
http://www.unige.ch/lettres/istge/med/testa/peschier.html
Répartition des familles en Suisse (1999)
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mise à jour du 1er mars 2002