Societe Suisse de Genealogie Familiale

Les pauvres du Brésil l'appelaient « Alfredinho - petit Alfred ». Il vivait dans une baraque de la favela Lamartine, près de Sao Paulo au Brésil. Il est décédé le 12 août dernier. Il avait 80 ans. Alfredinho était d'origine suisse. Il est né en 1920 à Frinvillier près de Bienne. Son nom d'origine est Fredy Kunz. Ses amis aiment l'appeler François d'Assise du Brésil, parce qu'il avait marié en tout la condition des pauvres.

Ordonné prêtre en 1954, il exerce son ministère dans un quartier populaire de Montréal au Canada. En 1968, il part pour le Brésil. Il rejoint Crateus dans le Nordeste brésilien, marqué par l'injustice et la misère. Il se met à la disposition de Dom Fragoso, le courageux évêque du diocèse de Crateus. Appelé au chevet d'une jeune victime de la prostitution, pour lui donner les derniers sacrements, il décide de vivre dans la baraque où avait vécu la jeune femme. Il voulait « se mettre à l'école des pauvres », comme il disait.

C'est à Crateus qu'est née la Fraternité du Serviteur souffrant. C'était durant la grande sécheresse qui a sévi entre 1979 et 1983 au Brésil. Le « Serviteur souffrant » était pour Alfredinho tout d'abord le Christ, mais dans le Christ tous les pauvres du monde qui souffrent l'extrême dénuement, l'injustice, la misère. Alfredinho avait fait lui-même l'expérience de l'extrême dénuement non choisi au camp de concentration durant la deuxième guerre mondiale. Les textes de base de la Fraternité sont les pages sur le Serviteur souffrant qui se trouvent dans le livre du prophète Isaïe. Les membres de la fraternité ouvrent toutes leurs séances avec la méditation d'un de ces textes. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les membres de la fraternité sont loin de montrer des visages de souffrance. Alfredinho ne cessait de répéter : « On n'entre pas dans la fraternité du Serviteur souffrant pour souffrir, mais pour être heureux.»

C'est le geste d'une femme qui est considéré par les membres de la fraternité comme acte de fondation : Dona Juliana a trouvé un jour de l'an 1980, au milieu des ordures du marché de Crateus, un homme pris de boisson, couvert de plaies, qui était la risée de la foule qui l'appelait Codo. Hautement mécontente de ce manque de respect témoigné à une créature de Dieu, Dona Juliana s'écria : « Codo est le Christ ! », c'est-à-dire le pauvre qu'il s'agit d'aider aujourd'hui et dont Jésus Christ disait : « Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait. » Le geste d'amour de Dona Juliana a été l'amorce d'une transformation pour Codo, de son vrai nom « Benedito », qui est devenu un membre témoin de la fraternité.

En 1988, Alfredinho a quitté le Nordeste du Brésil et est venu vivre dans une baraque de la favela Lamartine, près de Sao Paulo. En 1995, pour ses 75 ans, il est allé rejoindre les « souffrants de la rue », ceux qui n'ont pas de maison. Pendant plusieurs mois il a dormi sur un carton sous un pont ou dans un autre abri à la belle étoile. En janvier dernier, il a encore pris part au pèlerinage annuel de la fraternité qui a rassemblé 400 personnes au Bom Jesus da Lapa, proche de San Salvador di Bahia. Lors de l'enterrement d'Alfredinho, un proche disait de lui : « Chaque souffrant se sentait aimé par cet homme comme s'il était unique. »

La Fraternité du Serviteur souffrant a essaimé. Elle est aujourd'hui présente dans plusieurs pays du monde. Ses membres consacrent tout leur temps aux exclus du monde.

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